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Dommage qu'elle soit une putain
de John Ford
mise en scène Yves Beaunesne
Annabella et Giovanni s'aiment. Ne nous fions pas à ce titre de comédie de boulevard ! Nous sommes au cœur d’une tragédie car, hélas, les deux amants sont frère et sœur ! Passion, corruption, jalousie : leur amour impossible irradie la pièce de ce contemporain de Shakespeare. Sulfureuse et fascinante comme un cristal noir.
Des jeunes amants, un amour interdit, une fin tragique… Dommage qu'elle soit une putain pourrait être un film de David Lynch. Sauf que l'action se passe en 1633… Il y a tout dans cette pièce exaltée du contemporain de Shakespeare, John Ford : une comédie, où l'on parle de sexe sans détour ; une tragi-comédie où l'amour incestueux d'un frère et d'une sœur appelle la vengeance d'un mari cocu ; et une tragédie qui s'achève dans un bain de sang…
« Ford part de l'idée qu'il faut penser la famille en termes politiques, car elle est le lieu premier et dernier des affrontements, remarque Yves Beaunesne, et c'est là que les dominations, aux jours de misère, sont les plus violentes dans la lutte pour l'affection. Ici une famille sans autre mère qu'une nourrice aveugle, et sans autre père qu'un père qui a peur d'avoir peur, maléfique à force d'entêtement. En face, un moine au bord de la rupture de ban. Puis le frère, Giovanni, et la sœur Annabella.»
Les présentations sont faites. Leur amour évoque bien sûr Roméo et Juliette, mais le destin de ces amants est encore plus violent. Leur secret ne résistera pas à la pression exercée par leur entourage. La sœur accepte un mari pour cacher sa faute, mais son frère la tue et se précipite vers son père, le cœur de sa sœur au bout d'un poignard. Dans la catastrophe générale qui s'ensuit, tout le monde meurt !
« Il n'y a pas de pièce où la chair soit plus terrible, où les reptations soient plus animales, confirme le metteur en scène. Mais c'est la violence du monde dans lequel ils vivent qui les amène à choisir un chemin extrême de libération, un chemin qui cache une sentimentalité religieuse inversée et invertie : celui d'une messe noire où seul l'amour incestueux vaut d'être vécu. »
C'est en 1633, sous le règne du Roi Charles (qui vient de succéder à Elizabeth) que John Ford publie cette œuvre souvent donnée en exemple de la décadence du drame élizabethain. Il écrit pour un public qui a grandi en écoutant les pièces de Marlowe et de Shakespeare et qui croit avoir tout vu ! Il faut donc jouer la surenchère et leur montrer des situations extrêmes ! Dans l'adaptation qu'a choisi d'en faire Yves Beaunesne, il s'agira « d'aller avec Ford au-delà des frontières, là où il n'y a plus que des desperados et des corps en flagrant délit. »
A la tête de sa compagnie de la Chose Incertaine, Yves Beaunesne a créé de nombreuses pièces, notamment Edgard et sa bonne et Le dossier de Rosafol de Labiche (présentés à Angers en 2003), Oncle Vania de Tchekhov, Conversation chez les Stein sur Monsieur de Goethe absent, de Peter Hacks parmi les plus récentes.
avec Marion Bottollier, Laurent Poitrenaux, Philippe Demarle, Jean-Claude Frissung, Henri Monin, Claire Wauthion, Mathieu Delmonté, Roland Vouilloz, Hélène Cattin, distribution en cours, collaboration artistique Marion Bernède, traduction Marion Bernède et Yves Beaunesne, scénographie Damien Caille-Perret, costumes Patrice Cauchetier, lumières Philippe Berthomé, création son Christophe Séchet, chorégraphie Marco Berretini et Cindy Van Acker, coproduction en cours, Compagnie La Chose Incertaine-Yves Beaunesne, le Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, le Théâtre de la Place de Liège (Belgique), la Comédie de Genève (Suisse), le Théâtre National de la Criée de Marseille, la Scène Watteau de Nogent-sur-Marne
avec la participation du Centre des Arts Scéniques de Belgique et du Jeune Théâtre National, avec le soutien du Département du Val de Marne et de la DRAC Ile de France
Théâtre Chanzy
me. 8 au sa. 11 février 06
à 20h30 sauf mercredi et jeudi à 19h30
location ouverte à partir du mercredi 25 janvie |
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