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Inutile de tuer son père, le monde s'en charge
de et avec Pierre Ascaride
mise en scène Ariane Ascaride
Sous le regard de sa sœur Ariane, Pierre Ascaride replonge dans son enfance pour faire revivre un père aussi exaspérant que haut en couleur. Dans un univers à la Guédiguian, le portrait impitoyable mais ému d'un chef de famille immigré italien à Marseille.
« Mon père n'a jamais rien réussi. Un vrai manche. Il a raté une carrière de coiffeur. N'a jamais osé être chanteur ou comédien. Et a détesté toute sa vie son travail de représentant chez L'Oréal. Lui qui a passé un temps fou à bricoler, il n'a jamais réalisé que des faux plafonds qui s'écroulaient. En amour, c'est pire. Il a pourri la vie de ma mère tout en ne parvenant pas à rendre ses maîtresses heureuses. Comme on dit à Marseille : il a tout cagué. Cependant, la dette est énorme. »
Pierre Ascaride, mis en scène par sa sœur Ariane (la comédienne de Marius et Jeannette), remonte le temps à la recherche de son père décédé. Après sa mort, le frère et la sœur dénichent dans les malles paternelles des souvenirs enfouis, bribes de mémoire, notes et manuscrits divers : des cahiers où il avait tenté d'écrire le récit de son enfance de fils d'immigrés italiens dans les vieux quartiers de Marseille. Raté magnifique, escroc aimable, lamentable représentant des produits L'Oréal contre lesquels il invente un produit de contrebande, Michel Ascaride draine les parfums surannés de la cité phocéenne. « Des pans de ce texte, comme un hommage au conteur qu'il était, sont présents dans ce spectacle : souvenirs de la guerre 14-18, histoire de sa mise au travail à onze ans et demi, jeux de gamins napolitains dans les rues du vieux Marseille, types de personnages depuis longtemps disparus, etc. »
Dans ce portrait-fleuve, Pierre Ascaride, tendre et cocasse, parvient à réinventer tout un théâtre, et toute une ville – Marseille ! – à lui tout seul. « Alors, tu es content ? lance l'acteur, seul en scène. Tu vas être au centre de mon spectacle. Tu as même réussi à nous faire retravailler ensemble, Ariane et moi. On va les explorer toutes les histoires que tu écrivais et qui dormaient dans une valise en carton. »
Elle, épouse et actrice fétiche de Robert Guédiguian, a été César de la meilleure actrice pour Marius et Jeannette, Lui, acteur, auteur, metteur en scène, directeur depuis 1984 du Théâtre 71 de Malakoff, fête cette saison ses quarante ans de carrière autour de cette réconciliation avec le père.
la presse
Ascaride touche par un sens du comique déchiré par l'émotion, si ce n'est le ressentiment. Il n'est pourtant de plus bel hommage au défunt que cette revisitation de ses manques, soir après soir, par celui qui en souffrit. Mine de rien, ne réalise-t-il pas enfin ce que son géniteur ne put accomplir ?
Jean-Pierre Léonardini. L'Humanité
avec Pierre Ascaride, assistante à la mise en scène Anne-Marie Giacalone, travail vocal Chantal Galiana, conseils chorégraphiques Blanca Li, lumières Laurent Castaingt, scénographie Thibaut Fack - production Théâtre 71, scène nationale de Malakoff, en coproduction avec Thécif - Région Ile-de-France avec la participation artistique du Jeune Théâtre National - texte publié par les éditions l'Atalante
THV - Saint-Barthélemy
lu. 29 mai au ve. 2 juin 06
à 20h30 sauf mercredi et jeudi à 19h30 - location ouverte à partir du mercredi 17 mai
programmation NTA, spectacle accueilli en partenariat avec le THV |
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