La cruche cassée

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DE Heinrich von Kleist

MISE EN SCÈNE Frédéric Bélier-Garcia

du mercredi 26 au vendredi 28 septembre 07

du mercredi 12 au samedi 22 décembre 07

Pour sa première création au Centre Dramatique National d'Angers, Frédéric Bélier-Garcia a choisi de porter en scène La cruche cassée, comédie furieuse et céleste d'Heinrich Von Kleist, en réunissant comédiens belges et français.



En 1805, Kleist commet une farce foudroyante, la cruche cassée, la grande comédie du répertoire allemand…

Adam, juge peu scrupuleux d'un village de la très bourbeuse province d'Utrecht, est inspecté par le très sévère Conseiller de Justice. En ce jour d'audiences publiques, il se trouve contraint d'instruire le procès de sa propre faute (une visite nocturne sulfureuse chez la jeune Ève). Dans ce procès, où le juge est le coupable, la jubilation du spectateur réside dans l'observation des efforts démoniaques que le juge déploie pour détourner le soupçon de lui-même. Nous monterons l'instruction réjouissante de cette rencontre nocturne du Juge Adam et de la petite Ève, et la Chute qui s'ensuivit… dans le même éclat de rire allègre avec lequel Kleist raconte sa propre histoire du monde, notre monde et sa cocasse Genèse, comme un fait divers grotesque et sulfureux.

Une farce céleste.

Frédéric Bélier-Garcia

Un OEdipe comique
C’est en 1802 que Heinrich von Kleist entreprit d’écrire La cruche cassée, sa seule comédie ; elle lui fut inspirée par une gravure de Le Beau (…) ; en fait, le sujet de la gravure est un des sujets les plus banals, les plus habituels du dix-huitième siècle français, mais Kleist y transporte son obsession majeure : celle de la Justice, ou plus exactement du justicier confondu par la Justice même qu’il est tenu de faire respecter.

Un tel sujet n’avait jusqu’alors été traité (et par Kleist lui-même) que sur le mode tragique. Comment Kleist a-t-il fait du juge Adam un OEdipe comique ? D’abord en donnant à sa culpabilité un caractère dérisoire : OEdipe, en tuant son père et en épousant sa mère, attire sur la cité la malédiction des dieux ; Adam, lui, a simplement tenté de séduire une petite paysanne et s’apprête à condamner injustement un jeune homme fort niais, et sa faute n’aura de fâcheuses conséquences que pour lui. Il n’est pas jusqu’à l’infirmité d’OEdipe qui ne soit prêtée au juge Adam, mais elle devient ici un grotesque et pitoyable pied bot. Enfin, comble de dérision, ce personnage borné, sans grandeur, (dont certains aspects, de l’aveu même de Kleist, ne sont pas sans rappeler le Tartuffe de Molière) porte le nom du premier coupable de l’humanité dont il n’a même pas pu reproduire la faute : le juge Adam a seulement désiré Ève, et son désir, malgré les voies tortueuses qu’il a empruntées, n’a pas été satisfait.

Arthur Adamov, 1954

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