Nouveau Théâtre d’Angers-Centre dramatique national Pays de la Loire

Nouveau Théâtre d’Angers-Centre dramatique national Pays de la Loire

La cruche cassée

de Heinrich von Kleist - mise en scène Frédéric Bélier-Garcia

Pour sa première création au Centre Dramatique National d’Angers, Frédéric Bélier-Garcia a choisi de porter en scène La cruche cassée, comédie furieuse et céleste d’Heinrich Von Kleist, en réunissant comédiens belges et français.

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En 1805, Kleist commet une farce foudroyante, La cruche cassée, la grande comédie du répertoire allemand… Adam, juge peu scrupuleux d’un village de la très bourbeuse province d’Utrecht, est inspecté par le très sévère Conseiller de Justice. En ce jour d’audiences publiques, il se trouve contraint d’instruire le procès de sa propre faute (une visite nocturne sulfureuse chez la jeune Ève).

Dans ce procès, où le juge est le coupable, la jubilation du spectateur réside dans l’observation des efforts démoniaques que le juge déploie pour détourner le soupçon de lui-même. Nous monterons l’instruction réjouissante de cette rencontre nocturne du Juge Adam et de la petite Ève, et la Chute qui s’ensuivit… dans le même éclat de rire allègre avec lequel Kleist raconte sa propre histoire du monde, notre monde et sa cocasse Genèse, comme un fait divers grotesque et sulfureux. Une farce céleste.

[/Frédéric Bélier-Garcia/]

Un OEdipe comique

C’est en 1802 que Heinrich von Kleist entreprit d’écrire La cruche cassée, sa seule comédie ; elle lui fut inspirée par une gravure de Le Beau (…) ; en fait, le sujet de la gravure est un des sujets les plus banals, les plus habituels du dix-huitième siècle français, mais Kleist y transporte son obsession majeure : celle de la Justice, ou plus exactement du justicier confondu par la Justice même qu’il est tenu de faire respecter. Un tel sujet n’avait jusqu’alors été traité (et par Kleist lui-même) que sur le mode tragique.

Comment Kleist a-t-il fait du juge Adam un OEdipe comique ? D’abord en donnant à sa culpabilité un caractère dérisoire : OEdipe, en tuant son père et en épousant sa mère, attire sur la cité la malédiction des dieux ; Adam, lui, a simplement tenté de séduire une petite paysanne et s’apprête à condamner injustement un jeune homme fort niais, et sa faute n’aura de fâcheuses conséquences que pour lui. Il n’est pas jusqu’à l’infirmité d’OEdipe qui ne soit prêtée au juge Adam, mais elle devient ici un grotesque et pitoyable pied bot. Enfin, comble de dérision, ce personnage borné, sans grandeur, (dont certains aspects, de l’aveu même de Kleist, ne sont pas sans rappeler le Tartuffe de Molière) porte le nom du premier coupable de l’humanité dont il n’a même pas pu reproduire la faute : le juge Adam a seulement désiré Ève, et son désir, malgré les voies tortueuses qu’il a empruntées, n’a pas été satisfait.

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Arthur Adamov, 1954 /]

Heinrich von Kleist (1877-1811)

Heinrich von Kleist naît le 18 octobre 1777 à Francfort-sur-l’Oder. Fils aîné d’un capitaine d’état-major, il entre dans l’armée à Potsdam à l’âge de 15 ans. A 20 ans, il est lieutenant, mais il abandonne la carrière militaire en 1799 pour étudier à l’université de Francfort. Après une première tragi-comédie (La famille Schroffenstein), il écrit La cruche cassée, que Goethe mettra en scène en 1808. Durant une période de désespoir, il détruit le manuscrit de Robert Guiscard. Il voyage dans divers pays d’Europe. En 1807, après la victoire de Napoléon (à qui il voue une haine profonde), arrêté errant sur une route de France, il est soupçonné d’espionnage et incarcéré par les Français pour quelques mois au Fort de Joux. Il travaille encore sur des nouvelles (La Marquise d’O), publie des journaux (Phébus et le Berliner Abendblätter), et écrit ses plus grandes pièces (Penthésilée…), qu’il ne verra jamais représentées de son vivant. Après l’échec de sa dernière pièce (Le Prince de Hombourg), il signe un pacte de suicide avec Henriette Vogel. Le 21 novembre 1811, ils se suicident au bord du lac de Wannsee près de Potsdam.

La cruche cassée en tournée

Cette coproduction du NouveauThéâtre d’Angers sera en tournée en France et en Belgique de septembre 2007 à mars 2008. | 26-28 septembre | NTA-Centre Dramatique National-Pays de la Loire / Le Quai | 10-13 octobre | La Criée - Théâtre National de Marseille-CDN | 23 et 24 octobre | Théâtre de l’Union - Limoges-CDN | 10 novembre | Théâtre Jean-Vilar, Suresnes | 13-15 novembre | Centre Dramatique Régional de Tours | 20-25 novembre | Comédie de Picardie-Amiens | 29 novembre-9 décembre | Théâtre de la Commune-Aubervilliers-CDN | 12-22 décembre | NTA - CDN Pays de la Loire / Le Quai | 8-19 janvier | Théâtre Royal de Namur (Belgique) | 22 janvier | Maison de la Culture d’Arlon (Belgique) | 25 janvier | Association Bourguignonne Culturelle Dijon | 29 janvier-23 février | Théâtre Le Public-Bruxelles (Belgique) | 3-5 mars | Le Grand T-Scène conventionnée de Loire Atlantique

Dates

du mercredi 26 au vendredi 28 septembre 07 du mercredi 12 au samedi 22 décembre 07


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